Julien Morel
La statistique est impressionnante : 5 à 10% des étudiants d’une promo de l’ESSEC créent leur boîte. Au delà du chiffre, ces étudiants s’illustrent également par la qualité de leur projet. Ainsi, chaque année depuis maintenant 10 ans, on les retrouve parmi les lauréats du Concours Petit Poucet ! Et si cela marche aussi bien, c’est qu’en plus d’un cursus dédié et d’un incubateur, l’Ecole dispose d’une pépinière et d’un fonds d’amorçage, cas unique en France. Comment l’ESSEC est-elle devenue une véritable machine entrepreneuriale?
Réponse avec Julien Morel, directeur exécutif d’ESSEC Ventures, l’organisme dédié aux entrepreneurs de l’ESSEC.
La mise en place progressive d’un dispositif complet
La première étape est , en 1999, la création d’une Filière Entrepreneuriat dans le programme Grande Ecole, qui stimule l’esprit entrepreneurial des étudiant, tout en les dotant des connaissances et compétences nécessaires. Mais la bulle Internet va freiner et dérouter ces étudiants-créateurs. Pour les aider, un incubateur s’installe, en 2000, au coeur du campus de Cergy. Si les démarrages sont timides, la bouche-à-oreille va permettre un effet boule de neige, la réussite des uns inspirant les autres.
Cependant, la réussite de ces étudiants, devenus créateurs d’entreprise, va dévoiler une autre difficulté, celle de lever des fonds en période d’amorçage. Pour la surmonter, l’ESSEC inaugure le Fonds d’amorçage ESSEC Ventures, sorte de « business angel institutionnel ». Avec un budget d’1 million d’euros, le comité d’investissement se réunit deux fois par an afin de sélectionner les nouveaux projets. Et pour les projets non étudiants, une pépinière investit, en 2010, la Défense. Conçue pour héberger une vingtaine d’entreprises, elle propose également un service de « chèque-conseils », qui met en relation créateurs et experts, parmi un réseau de 35 partenaires, comptant notamment Deloitte, Totale et Ubifrance.
Les (autres) raisons du succès
Avec une moyenne de 300 étudiants inscrits à la Filière Entrepreneuriat, 150 projets accueillis dans l’incubateur et 11 entreprises financées par le Fonds d’amorçage, les chiffres de 2010 confirment la réussite du dispositif.
Si ces structures connaissent un tel succès, c’est en grande partie parce qu’elles ont été pensées pour l’étudiant : elles ont souvent été créées en réponse à des obstacles dressés devant l’étudiant et ont été organisées pour correspondre au mieux à leur parcours (gratuité de l’incubateur, possibilité de rejoindre les structures à tout moment du cursus).Le dispositif entrepreneurial a également été structuré en cherchant constamment un équilibre entre formation et pratique. Enfin, selon Julien Morel, l’esprit d’équipe et un désir associatif, dont font preuve chaque année les étudiants, démontrent une volonté d’agir et de s’impliquer ainsi qu’une capacité à travailler ensemble, « pré-dispositions » favorables à la création d’entreprise.
Que souhaiter de plus pour l’avenir? Aujourd’hui, avec le recul et la maturité, Julien Morel aimerait se concentrer sur l’animation de ce vaste réseau afin de consolider le dispositif et faire naître des synergies, source de dynamisme et de création de valeur, entre toutes les structures existantes. Il pense aussi à conquérir de nouveaux horizons et pourquoi pas s’implanter à Singapour… Mais pour le moment, il peut se satisfaire d’avoir contribué à la création de près de 100 entreprises et de plus de 600 emplois.