Le Fonds Nouvelle Génération

Christophe Rémy (Magellan) et Christophe Raynaud (ISAI)

Où trouver de l’argent ? C’est la question récurrente, stressante voire obsédante qui hante, parfois nuit et jour, un grand nombre d’entrepreneurs. Pourtant les investisseurs et structures prêts à aider de jeunes boîtes à se lancer et à se développer existent, encore faut-il savoir les identifier. Car, selon le stade de maturité de l’entreprise, les besoins en fonds changent, l’interlocuteur aussi. Savoir à qui s’adresser est devenu un challenge tout aussi important que de savoir convaincre lors d’une levée de fonds.

Depuis quelques années, un acteur, encore peu connu, est entré dans la chaîne de financement, le fonds d’investissement sectoriel. Quel est son rôle ? Son approche et ses attentes diffèrent-ils d’un fonds classique ? Rencontre avec Christophe Rémy, directeur associé de Magellan Industrie, premier fonds dédié aux PME de l’aéronautique et Christophe Raynaud, directeur général d’ISAI, le fonds des entrepreneurs internet.

Un objectif, combler un manque dans la chaîne du financement

Chronologiquement, les trois moments clés du financement de la croissance d’une boîte sont le capital amorçage, le capital risque et le capital développement. Si, pour le capital amorçage et le capital développement, un certain nombre de solutions et d’acteurs sont facilement identifiables, le bât blesse quand il s’agit du capital risque.  En effet, les volontaires sont peu nombreux car, pendant cette période, l’entreprise a besoin de fonds mais également de conseil et d’encadrement pour transformer des débuts prometteurs en entreprise prospère et performante. L’investisseur doit donc mobiliser des équipes et du temps, sans garantie de succès, ce qui représente un grand risque.

C’est souvent à ce moment là qu’interviennent les fonds d’investissement sectoriels, car ils peuvent apporter, comme le souligne Christophe Rémy, une aide efficace et ciblée. De plus, Christophe Raynaud explique, qu’en se plaçant sur ce segment, les fonds contribuent à une optimisation de la chaîne du financement, et donc, par conséquent, à la stimulation de la croissance, mais aussi à l’encouragement et au soutien de l’entrepreneuriat.

Un atout, apporter une expertise sur un marché

Les fonds sectoriels concentrent  leurs investissements sur le secteur d’activité qu’ils maitrisent, parce qu’ils l’ont déjà expérimenté eux-même.  Ainsi les fondateurs et les souscripteurs d’ISAI ont tous créé et développé des boîtes internet (Priceminister, Appsfire, VirginMobile et Sarenza) et ceux de Magellan ont une solide expérience dans le domaine de l’aéronautique. Cette spécialisation leur permet d’apporter un autre regard ou de déjouer certains pièges. Christophe Rémy prend pour exemple les connaissances particulières en aéronautique comme l’enjeu de la certification des avions, qui peuvent constituer une véritable  barrière pour un fonds non initié. Christophe Raynaud met en avant le savoir-faire d’ISAI qui permet aux startups, dont le challenge est de passer de jolie « boutique » à leader national/international d’un secteur, un déploiement à grande échelle ainsi qu’une croissance forte et durable. Ces fonds ont également une meilleure connaissance du marché et de ses spécificités, ce qui leur donne une véritable légitimité lors de la prise de décision.

Grâce à cette double expertise, les fonds sont plus efficaces, d’une part pour les entreprises financées, auxquelles ils apportent un accompagnement personnalisé et pertinent, et pour leur propre survie d’autre part, car ils maîtrisent mieux les risques et réalisent donc des investissements plus rentables.

Une éthique, l’investissement responsable

Christophe Rémy et Christophe Raynaud ont en commun une même motivation, à l’origine de la création de leurs fonds respectifs. Elle repose sur une passion pour les nouveaux projets et les enjeux qu’ils soulèvent, l’envie de transférer leurs compétences et l’honneur de partager leur réussite. Christophe Rémy insiste sur l’importance d’être présent dans l’entreprise et de l’aider à grandir afin de la rendre autonome. Christophe Raynaud partage cette même approche mais plutôt dans le but de pouvoir la revendre dans les meilleures conditions. La possibilité de gagner de l’argent est évidemment un facteur important, mais Christophe Raynaud cite également la contribution au développement de l’économie.

Ainsi, dans les deux fonds, les projets sont soigneusement étudiés avant d’être sélectionnés, sans précipitation. Magellan n’a, à ce jour, investi que dans deux projets, LH Aviation (Petit Poucet Promo 2006)et AirPX, et ISAI dans 6 (en ayant reçu plus de mille candidatures). De même, les investissements sont prévus à long terme (entre 5 et 7 ans), car l’objectif n’est pas de réaliser une performance immédiate mais de développer l’entreprise.

Il existe évidemment des différences entre le financement de projets internet ou de l’industrie lourde, pourtant ces deux fonds sectoriels ont beaucoup de similitudes dans leur approche : ce sont des entrepreneurs qui ont à coeur de participer à la construction de belles histoires, à la création d’emploi et, plus généralement, au progrès. Ces belles initiatives gagnent à être connues et à inspirer d’autres entrepreneurs.

 

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