Sébastien Forest, fondateur d’ALLORESTO, est devenu un symbole de l’entrepreneuriat étudiant en France. Il témoigne sur son expérience et sur le potentiel des jeunes entrepreneurs, dans le cadre du lancement du véhicule d’investissement The Graduates par PETIT POUCET et ANAXAGO.

« ALLORESTO est né alors que j’étais étudiant en Maîtrise de Sciences-Eco à Tours, en 1997. Un dimanche soir, après avoir révisé toute la journée, j’ai commencé à avoir faim. Et avec cette faim, une énorme fainéantise de me faire à manger ! J’ai donc essayé de me faire livrer un repas en utilisant la seule base de données qui était disponible à l’époque : le bottin. Ma tâche n’en a pas été simplifiée, puisque j’ai eu beaucoup de mal à trouver un restaurant d’ouvert. Après avoir trouvé un restaurant asiatique dans mon quartier qui acceptait de me livrer, je n’avais toujours pas le menu du restaurant. Vous imaginez donc l’état d’agacement du propriétaire après m’avoir énuméré l’ensemble des plats de son établissement ! Le processus a finalement duré plus de 45 minutes.

Je venais de découvrir internet et je me suis dit que je ne devais pas être la seule personne à se retrouver dans cette situation-là. J’ai donc imaginé un site qui me permettrai, en tant qu’internaute, de retrouver la liste de tous les restaurants qui peuvent me livrer à l’endroit où je me trouve, de consulter la carte de chacun de ses établissements et de pouvoir passer une commande directement depuis mon ordinateur, en ayant la garantie d’être livré dans les 30 ou 45 minutes qui suivent.

Après plusieurs mois de travail acharné, le site a été mis en ligne à une date symbolique : celle de mon dernier partiel de Master auquel j’étais allé par acquis de conscience. A l’époque, c’était le tout début du web, et les investisseurs étaient très friands de ce type de projets. Je suis donc allé convaincre des investisseurs anglo-saxons pour une première levée de fonds.

Malheureusement la bulle internet a explosé. Nous étions une quinzaine de personnes dans la boîte, avec des bureaux à Paris, à Tour et à Londres aussi, puisque notre investisseur de l’époque nous avait incité à nous déployer très tôt à l’international. Ce qui était une bonne idée mais à cette époque-là comme beaucoup de start-up, nous nous étions mépris sur la taille de notre marché de l’époque et notre capacité à aller le chercher. Et surtout sur la vitesse de croissance de notre activité.

Et au fil du temps, un écart de plus en plus important s’est creusé entre les recettes que nous avions prévu dans notre business plan et les revenus réellement générés. L’entreprise manquait de financements. Les investisseurs ont remis une première fois au pot, puis une deuxième fois, jusqu’au jour où ils m’ont fait comprendre qu’ils allaient arrêter de le faire sans avoir de signaux forts de notre part. J’ai découvert que des investisseurs pouvaient être tentés de faire couler une boîte pour pouvoir passer à autre chose. Mais mon envie d’entrepreneur était toute autre. J’ai donc racheté avec un ami la participation de mes actionnaires de l’époque. 3 millions d’euros avaient été investis en l’espace de deux ans et nous avons récupéré l’intégralité des parts pour à peu près 60 000 euros. Cela vous donne à peu près une idée de la confiance en l’avenir d’ALLORESTO qu’avaient nos investisseurs à cette époque là !

Cette période a été très compliquée, puisque l’entreprise manquait cruellement de cash. Mais nous avons quand même réussi à trouver les ressources pour atteindre l’équilibre financier. Quand j’ai quitté la direction opérationnelle d’ALLORESTO, il y a maintenant un an, le volume d’affaires était supérieur à 100 millions d’euro annuel et le rythme de croissance à près de 50%.

Le message que veulent faire passer ANAXAGO et PETIT POUCET avec le lancement du véhicule d’investissement The Graduates, c’est que les étudiants peuvent devenir des entrepreneurs à succès. Il n’y a pas d’âge, on ne compte pas le nombre des années. Quand on est entrepreneur, on a ça dans le sang. Et je suis un témoin de cet entrepreneuriat étudiant ! »