Ludovic Huraux crée Attractive World à 24 ans. Il revend l’entreprise il y a quelques semaines à un des leader du secteur. Retour sur son expérience entrepreneuriale avec Anaxago et Petit Poucet, dans le cadre du lancement du véhicule d’investissement The Graduates, dédié à l’entrepreneuriat étudiant.
Après mes études en école de de commerce à l’ISG, je me suis d’abord intéressé au secteur du Private Equity. J’ai réussi à m’y glisser par un petit trou de souris ! A 21 ans, j’ai finalement été embauché par un fonds qui gérait 200 millions d’euros. Pendant trois ans j’ai travaillé dans ce fonds qui me confiait de grosses responsabilités malgré mon jeune âge et dans lequel je gagnais extrêmement bien ma vie.
Sauf que ce dont je rêvais, c’était de monter ma boite ! Tous les mois, je soumettais le business plan à mes copains. Je me suis rapidement intéressé au marché des sites de rencontre, qui était trusté par le géant Meetic, déjà rentable et côté en bourse. J’ai compris que le marché allait se segmenter et qu’il y avait une opportunité de se positionner sur un marché haut de gamme. Lorsque j’en ai parlé à mes deux meilleurs amis, ils m’ont dit qu’ils en avaient assez de m’entendre parler de mes idées de création sans que je me décide à me lancer. Je leur en suis très reconnaissant puisqu’ils m’ont vraiment poussé pour monter cette boite. Je suis donc allé voir les deux associés gérants du fonds dans lequel je travaillais pour leur expliquer mon départ.
A l’époque, ils m’ont pris pour un fou. Quitter le Private Equity pour lancer un site de rencontre, ça paraissait dingue. Ma mère était ultra angoissée. Mon père ne comprenait rien à cela !
On a démarré de manière assez naïve, en 2007, avec mes deux amis. Nous avons investi une centaine de millier d’euros et nous pensions que notre concept était assez fort pour que l’on puisse devenir rentable rapidement. Nous n’avions pas du tout conscience des problématiques technologiques du projet. Nous avons recruté des étudiants pour développer la première version du site. Faire sélectionner la communauté de célibataire par ses propres membres, et organiser des évènements dans la vie réelle est un concept qui plaisait beaucoup. Nous avons eu nos premiers succès marketing avec les bloggers et les médias. Mais le site internet marchait à peine : il fallait environ 30 secondes pour charger une page ! Et pourtant les gens continuaient à utiliser le site.
J’ai continué de faire beaucoup d’erreur sur la partie technologique. J’ai décidé de faire développer le site en Tunisie et le site a eu 6 mois de retard. Nous avons failli déposer le bilan à ce moment-là. Heureusement, les investisseurs privés auprès de qui j’avais levé des fonds ont joué le jeu et ils ont remis au capital. Suite à ça, j’ai enfin recruté un CTO et un directeur marketing comme associés dans l’entreprise.
Nous sommes passé au modèle payant en septembre 2009, deux ans après la création d’Attractive Wolrd. Notre pari était énorme : nous refusions un tiers de nos potentiels clients et nous faisions payer deux fois plus cher que Meetic. Nous nous sommes rendu compte que les gens n’avaient aucun problème pour payer.
La communauté continuait de se développer et nous avons pris l’une des meilleures décisions d’Attractive World : faire de la télé. La notoriété d’Attractive World est passée de 8% à 91% aujourd’hui. Le site est devenu rentable en 2013.
Au moment où je m’y attendais le moins, le groupe allemand Affinitas est venu nous voir pour racheter Attractive World. Ils avaient déjà lancé deux sites – eDarling et EliteRencontre – mais ils avaient beaucoup moins de succès que nous sur le marché français. Le deal s’est fait très rapidement, et a été signé en octobre 2016. Ils projettent de développer Attractive World rapidement dans une quinzaine de pays !
Si on me demande quelle est la force des jeunes entrepreneurs, je dirai : la capacité de disruption du marché. Quand on est jeune, on arrive vierge de tout modèle, on peut penser out of the box. Les jeunes font partie de la première génération qui sont né avec Internet. Ils ont une grande force pour comprendre les usages de demain et adresser ces marchés grâce à cette intuition. Je n’aurai pas pu créer Attractive World sans cette vision ! »