ENTRETIEN AVEC PHILIPPE HAYAT
Cela fait vingt ans que Philippe Hayat s’est lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Éternel curieux et touche-à-tout, il a testé avec succès le monde de l’industrie (reprise de l’entreprise familiale, les Bâches de France), des technologies (création de Kangaroo Village, incubateur de sociétés HighTech), mais aussi celui des services (Architel, archivage et gestion de documents). En 2008, il cofonde avec deux associés le fonds d’investissement Serena Capital, destiné aux PME à forte croissance.
Parallèlement à cette vie d’entrepreneur, Philippe Hayat a toujours eu à coeur de partager son expérience et de sensibiliser les jeunes à l’esprit d’entreprendre. Ainsi, en 1991, il fonde la filière Entrepreneuriat à l’ESSEC. Parti de zéro, l’incubateur accueille aujourd’hui 50 entreprises en moyenne par an. en 2008, il « s’attaque » à Sciences Po et créé le dispositif Entrepreneuriat. Entre temps, il écrit avec son frère un livre expliquant le monde de l’entreprise aux collégiens (L’entreprise, un acteur clé de la société aux Éditions Autrement, 2006) et fonde, en 2007, l’association 100 000 Entrepreneurs, dont la vocation est de transmettre la culture d’entreprendre aux jeunes.
Le parcours de Philippe Hayat s’articule donc autour de deux pivots fondamentaux ; il lui faut créer, afin de répondre à son instinct d’entrepreneur et transmettre aux jeunes l’envie d’entreprendre. Convaincu que l’entrepreneuriat est une alternative à l’entreprise, qui offre aux jeunes un véritable avenir et leur permet de devenir maitre de leur vie, il publie un nouveau livre, Entreprenez ! à l’indignation, préférez l’action (Éditions de l’Archipel, disponible en librairie à partir du 7 mars) et propose plusieurs solutions pour améliorer la situation.
1. Éveiller l’esprit d’entreprendre dès l’école
C’est la raison d’être de 100 000 Entrepreneurs. L’opération vise tous les élèves, de la 3e à bac +5, quelque soit leur enseignement, via des témoignages dans les établissements scolaires, visites d’entreprise et stages. L’objectif est d’expliquer aux jeunes la signification de l’acte d’entreprendre, de leur faire découvrir le fonctionnement concret du monde professionnel, des différents secteurs d’activité et, au-delà, leur faire réaliser qu’il existe d’autres opportunités et pistes d’épanouissement.
Mais cette action n’est pas suffisante si dans l’enseignement supérieur, les écoles et université ne s’engagent pas en parallèle. Chacune devrait pouvoir proposer, par exemple, une filière spécialisée, un incubateur et/ou un fonds d’amorçage, se rapprocher d’autres formations afin de mixer les profils et enrichir l’enseignement ou encore solliciter les réseaux d’anciens pour accompagner et témoigner. Enfin promouvoir et faciliter les stages en PME, trop souvent éclipsées par les grands groupes, permettrait aux étudiants de mieux connaitre et appréhender l’univers des petites structures.
2. Combattre les idées reçues chez les jeunes
Les raisons évoquées par les étudiants pour ne pas se lancer sont souvent les mêmes : l’absence d’idée, la difficulté à gagner de l’argent, le manque d’expérience, la faiblesse du réseau et le coût de la création en France (impôts et charges).
S’il est effectivement très compliqué d’avoir une bonne idée, les autres raisons ne sont souvent que des prétextes, facilement surmontables si l’envie d’entreprendre est présente. En effet, pour entreprendre, il faut surtout, selon Philippe Hayat, être doté de bon sens, être persévérant et optimiste et avoir des qualités de commercial et de chef d’équipe, afin de pouvoir vendre, se vendre et emmener un groupe.
Pour résoudre l’obstacle de « La » bonne idée, Philippe Hayat suggère la création de synergies entre écoles/universités et centres de recherche ou laboratoires afin de valoriser la recherche. Une fois cette étape surmontée, un réseau d’accompagnement (écoles, associations…) doit prendre le relai pour aider le jeune entrepreneur.
3. Impliquer l’État
Même si l’État commence à prendre conscience, grâce à des initiatives comme les PEE (Pôles Entrepreneuriat Étudiant), de l’importance d’encourager l’entrepreneuriat étudiant, il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir, notamment en partenariat avec les écoles. L’ État doit également s’impliquer lors d’une étape cruciale, le financement des jeunes entreprises. En effet, aujourd’hui, il est très difficile pour des entrepreneurs de lever, en France, 1 million d’euros, aucun fonds privé n’étant prêt à supporter le capital-risque, la rentabilité n’étant pas assurée. Philippe Hayat suggère donc que l’État joue ce rôle d’investisseur, à travers la création de fonds d’amorçage régionaux ou d’allègements fiscaux pour les Business Angels. Au Privé de prendre ensuite le relai.
De même, face au cruel manque de PME de taille moyenne, l’État devrait favoriser leur croissance et faciliter leur développement en mettant en place des incitations à l’embauche et des allègements des charges sociales, par exemple.
Grâce à son approche concrète et dynamique, Philippe Hayat apporte des réponses pour développer l’entrepreneuriat chez les jeunes et surtout valoriser ce métier, que l’entrepreneur devienne enfin le « héros des temps modernes » en France.
A la retraite depuis une quinzaine d’années, j’ai décidé de partager mon expérience en matière de développement de l’esprit d’entreprise et viens de publier à cet effet un ouvrage aux éditions L’Harmattan : « Développer l’esprit d’entreprise, du droit d’apprendre aux devoirs d’entreprendre » et je serais heureux de communiquer avec vous sur le thème du développement de l’esprit d’entreprise. Projet fondamental pour le pays où il manque 1,2 millions d’entreprises pour faire disparaître le chômage de masse. Je donne des conférences-projection sur ce thème. Au cours de ces conférences je décris les fondements scientifiques de la méthode que j’ai peu à peu construite depuis une quarantaine d’années. Je décris également cette méthode. Je pense qu’il serait possible de faire de la France la « silicon valley » de l’esprit d’entreprise. Je peux vous envoyer par email, si vous le souhaitez, le diaporama de ma conférence.
Cordialement
Albert Antonioli